mardi 21 février 2017

LE ROI DES FOUS …



……….. Par Roland Magdane.


Le texte de Roland Magdane date de 1981 mais il est décidément toujours d'actualité.


La terre s'est mise à tourner à l'envers. Le monde est devenu un grand hôpital psychiatrique où les fous se promènent en liberté. Chaque pays a élu son chef, le roi des fous, et pour ne pas que les rois s'ennuient, on leur a donné des jouets, des petits soldats, des canons et des avions à réaction, et les rois des fous du monde entier s'invitent entre eux au cours de petits goûters, Ils se comparent leurs jouets « T’as vu mon sous-marin ?» « Et toi t'as vu mon canon comme y tire bien ?» 


Tous les soirs ils jouent très tard, ils font la bombe, Ils poussent leurs petits soldats qui tombent sous les billes, quand y' en a plus, ils les remplacent, parfois les rois fous échangent leurs jouets : « J’te donne mon pétrole, mais toi tu m'donnes ta bombe à neutrons » « D’accord, file-moi ton uranium et moi je te prêterai mes petits camions de soldats » 





Et puis il y a des rois qui n'ont rien à échanger, Ils n'ont pas de jouets, même pas de quoi manger, à quatre heures, ils ont droit à un petit goûter à partager en trois, Ils vivent au tiers, c'est le tiers-monde, Ils traînent derrière eux, au bout d'une ficelle, un lapin qui joue du tambour, et en les voyant passer, les rois fous du monde entier leur jettent, pour s'amuser, des petits noyaux d'olives nucléaires, et puis de temps en temps, il arrive un docteur qui veut soigner les fous, on l'appelle Prix Nobel de la Paix ! On lui met une grosse médaille sur le cœur qui brille au soleil pour qu'on voit bien l'endroit où il faut tirer pour le tuer, et la vie continue.


Les rois des fous du monde entier s'entourent de débiles qu'ils choisissent eux-mêmes. Le premier débile, le débile des finances, le débile des armées, ça s'appelle un gouvernement ! Et dans le monde entier, les débiles donnent des conseils aux rois des fous pour gouverner les cons, et les cons, cherchez pas, c'est toujours nous, mais si les cons du monde entier voulaient s'donner la main, on obligerait les fous à ranger leurs jouets, leurs avions, leurs chars et leurs canons, et nous pourrions enfin nous promener en paix sur les jardins de la terre qui sont si jolis quand on n’y fait pas la guerre...’


J. Rase, Vedrin, 5364.

 








 C. Rosenzwitt






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