mardi 25 mai 2021

TEXTE EN PARTAGE ......

 


La covidictature et la servitude de La Boétie.

 

par Nicolas Bonnal.

 

Jamais nous n’avons été autant surveillés, menacés, humiliés, remplacés, écrasés d’impôts, et jamais nous n’avons été aussi platement soumis, que ce soit dans un hideux immeuble, dans un aéroport, dans un monstre de croisière. Plus je vois cela, plus je m’émerveille. Et plus je m’émerveille, plus je me fais traiter de factieux et de conspirateur.

 

Cela m’apprendra !

 

Comprenez qu’il n’y a pas besoin de théorie de la conspiration. Le peuple n’est pas un gentil innocent, une victime naïve. Le peuple aime naturellement être mené à l’étable ou à l’abattoir. Telle est l’éternelle leçon de la Boétie qui s’extasie devant l’infinie capacité des hommes à s’aplatir devant l’autorité. Chouchou des libertariens et de mon très cher Murray Rothbard, l’adolescent prodige s’écœure lui-même en écrivant ces lignes, en rappelant ces hauts faits :

 

« Il n’est pas croyable comme le peuple, dès lors qu’il est assujetti, tombe si soudain en un tel et si profond oubli de la franchise, qu’il n’est pas possible qu’il se réveille pour la ravoir, servant si franchement et tant volontiers qu’on dirait, à le voir, qu’il a non pas perdu sa liberté, mais gagné sa servitude. Il est vrai qu’au commencement on sert contraint et vaincu par la force ; mais ceux qui viennent après servent sans regret et font volontiers ce que leurs devanciers avaient fait par contrainte ».

 

Dostoïevski observe dans sa Maison des Morts (qui est plutôt une Maison des vivants, son roman le plus drôle) que l’on s’habitue en effet à tout. La Boétie :

 

« C’est cela, que les hommes naissant sous le joug, et puis nourris et élevés dans le servage, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés, et ne pensent point avoir autre bien ni autre droit que ce qu’ils ont trouvé, ils prennent pour leur naturel l’état de leur naissance ».

 

C’est la vraie conspiration dont parle aussi en prison le fasciste Rebatet : nous nous soumettons au joug de la bagnole, de la salle de bains américaine, des artefacts électroniques. La Boétie explique ensuite comment on développe les jeux, l’esprit ludique, et dans quel but politique :

 

« Mais cette ruse de tyrans d’abêtir leurs sujets ne se peut pas connaître plus clairement que Cyrus fit envers les Lydiens, après qu’il se fut emparé de Sardis, la maîtresse ville de Lydie, et qu’il eut pris à merci Crésus, ce tant riche roi, et l’eut amené quand et soi : on lui apporta nouvelles que les Sardains s’étaient révoltés ; il les eut bientôt réduits sous sa main ; mais, ne voulant pas ni mettre à sac une tant belle ville, ni être toujours en peine d’y tenir une armée pour la garder, il s’avisa d’un grand expédient pour s’en assurer : il y établit des bordels, des tavernes et jeux publics, et fit publier une ordonnance que les habitants eussent à en faire état. Il se trouva si bien de cette garnison que jamais depuis contre les Lydiens il ne fallut tirer un coup d’épée. Ces pauvres et misérables gens s’amusèrent à inventer toutes sortes de jeux, si bien que les Latins en ont tiré leur mot, et ce que nous appelons passe-temps, ils l’appellent ludi, comme s’ils voulaient dire Lydi ».

 

Les bordels et les tavernes : comptez le nombre de sites porno sur le web pour voir un peu (Snyder parle de quatre millions) ; et comparez aux fréquentations sites antisystème. Vous verrez que nous sommes bien peu de chose. Pessimiste ! Coupable !

 

Politiquement incorrect, la Boétie dénonce l’effémination des territoires soumis à la tyrannie. Elle fonctionne avec la servilité et la soumission. Avec la culture aussi, comme le verra Rousseau.

 

« Tous les tyrans n’ont pas ainsi déclarés exprès qu’ils voulussent efféminer leurs gens ; mais, pour vrai, ce que celui ordonna formellement et en effet, sous-main ils l’ont pourchassé la plupart… Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes étranges, les médailles, les tableaux et autres telles drogueries, c’étaient aux peuples anciens les appâts de la servitude, le prix de leur liberté, les outils de la tyrannie. Ce moyen, cette pratique, ces allèchements avaient les anciens tyrans, pour endormir leurs sujets sous le joug. Ainsi les peuples, rendus sots, trouvent beaux ces passe-temps, amusés d’un vain plaisir, qui leur passait devant les yeux, s’accoutumaient à servir aussi niaisement, mais plus mal, que les petits enfants qui, pour voir les luisantes images des livres enluminés, apprennent à lire ».

 

Puis La Boétie compare les méthodes éducatives, et ce n’est pas piqué des vers. Lui aussi aime Sparte – comme Rousseau et comme d’autres (il faut aimer le sport et l’inconfort !).

 

« Lycurgue, le policier de Sparte, avait nourri, ce dit-on, deux chiens, tous deux frères, tous deux allaités de même lait, l’un engraissé en la cuisine, l’autre accoutumé par les champs au son de la trompe et du huchet, voulant montrer au peuple lacédémonien que les hommes sont tels que la nourriture les fait, mit les deux chiens en plein marché, et entre eux une soupe et un lièvre : l’un courut au plat et l’autre au lièvre. « Toutefois, dit-il, si sont-ils frères ». Donc celui-là, avec ses lois et sa police, nourrit et fit si bien les Lacédémoniens, que chacun d’eux eut plus cher de mourir de mille morts que de reconnaître autre seigneur que le roi et la raison ».

 

Ensuite il remarque que comme sur Facebook on aime participer à Big Brother, on aime participer à son propre emprisonnement (empoisonnement) moral et physique – on paie même pour :

 

« Celui qui vous maîtrise tant n’a que deux yeux, n’a que deux mains, n’a qu’un corps, et n’a autre chose que ce qu’a le moindre homme du grand et infini nombre de nos villes, sinon que l’avantage que vous lui faites pour vous détruire. D’où a-t-il pris tant d’yeux, dont il vous épie, si vous ne les lui baillez ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne les prend de vous ? Les pieds dont il foule vos cités, d’où les a-t-il, s’ils ne sont des vôtres ? Comment a-t-il aucun pouvoir sur vous, que par vous ? Comment vous oserait-il courir sus, s’il n’avait intelligence avec vous ? Que vous pourrait-il faire, si vous n’étiez receleurs du larron qui vous pille, complices du meurtrier qui vous tue et traîtres à vous-mêmes ? »

 

Le citoyen participe à sa propre aliénation. On n’a jamais autant payé d’impôts en Amérique ou en France en 2016. L’État haï des pauvres libertariens n’a jamais été aussi sûr ! Quant au monstre froid européen… No comment.

 

Puis le jeune auteur parle des réseaux de la tyrannie qui sont sur une base six, comme le web (WWW_666, voyez mon livre qui d’ailleurs va être republié) :

 

« Toujours il a été que cinq ou six ont eu l’oreille du tyran, et s’y sont approchés d’eux-mêmes, ou bien ont été appelés par lui, pour être les complices de ses cruautés, les compagnons de ses plaisirs, les maquereaux de ses voluptés, et communs aux biens de ses pilleries. Ces six adressent si bien leur chef, qu’il faut, pour la société, qu’il soit méchant, non pas seulement par ses méchancetés, mais encore des leurs. Ces six ont six cents qui profitent sous eux, et font de leurs six cents ce que les six font au tyran. Ces six cents en tiennent sous eux six mille, qu’ils ont élevé en état, auxquels ils font donner ou le gouvernement des provinces, ou le maniement des deniers, afin qu’ils tiennent la main à leur avarice et cruauté et qu’ils l’exécutent quand il sera temps, et fassent tant de maux d’ailleurs qu’ils ne puissent durer que sous leur ombre, ni s’exempter que par leur moyen des lois et de la peine ».

 

Nicolas Bonnal

 

Lien et commentaires :

 

Marie-José MONEGER

 

« Très bon article … un peu glaçant pour l’avenir, mais très réaliste par ailleurs ! »

 



De la nouvelle idole (texte de Nietzsche) Pour Nietzsche, l’État ment avec de fausses dents :

 

DE LA NOUVELLE IDOLE

 

« Dans certains lieux du monde il existe encore des peuples et des troupeaux, mais pas chez nous, mes frères ; chez nous il n’y a que des États. L’État ? Qu’est-ce à dire ? Allons ! Ouvrez vos oreilles et je vais vous parler de la mort des peuples.

 

L’État, c’est le plus froid des monstres froids. Il est froid même quand il ment; et voici le mensonge qui s’échappe de sa bouche : « Moi, l’État, je suis le peuple ».

 

Mensonge ! C’étaient des créateurs, ceux qui ont formé les peuples et déployé au-dessus de leurs têtes une foi et un amour; ils ont ainsi servi la vie.

 

Mais des destructeurs ont tendu des pièges à la multitude, c’est ce qu’ils appellent l’État; ils ont suspendu au-dessus de leurs têtes un glaive et cent appétits.

 

Si tant est qu’il y ait encore un peuple, il ne comprend rien à l’État et le hait comme le mauvais œil, comme un péché contre la morale et le droit.

 

Je vous donne ce signe : tout peuple parle une langue particulière en matière de bien et de mal, et son voisin ne la comprend pas. Il invente pour soi un langage en matière de mœurs et de droit.

 

Mais l’État sait mentir dans toutes les langues du bien et du mal; et dans tout ce qu’il dit, il ment; et tout ce qu’il a, il l’a volé.

 

Tout est faux en lui; il mord avec de fausses dents, ce hargneux. Ses entrailles même sont fausses.

 

La confusion de toutes les langues du bien et du mal, voilà le signe que je vous donne; telle est la marque de l’État. En vérité, c’est un symptôme de la volonté de mourir. En vérité, c’est une invite aux prédicateurs de mort.

 

Il naît beaucoup trop d’hommes. L’État a été inventé pour ceux qui sont superflus.

 

Voyez-le, comme il les attire, ces superflus ! Comme il les avale et les mâche et les remâche ! »

 

« Il n’y a rien de plus grand que moi sur la terre : je suis le doigt ordonnateur de Dieu » — ainsi hurle le monstre. Et ce ne sont pas seulement ceux qui ont de longues oreilles et la vue basse qui tombent à genoux !

 

Hélas, en vous aussi, ô grandes âmes, il murmure ses sombres mensonges. Hélas, il devine les cœurs riches qui aiment à se répandre !

 

Certes, il vous devine, vous aussi, vainqueurs du Dieu ancien ! Le combat vous a fatigués et maintenant votre fatigue se met au service de la nouvelle idole !

 

Elle voudrait placer autour d’elle des héros et des hommes honorables, la nouvelle idole ! Il aime à se chauffer au soleil de la bonne conscience, — le froid monstre !

 

Elle veut tout vous donner, si vous l’adorez, la nouvelle idole : ainsi elle s’achète l’éclat de votre vertu et le fier regard de vos yeux.

 

Vous devez lui servir d’appât pour les superflus ! Oui, c’est l’invention d’un tour infernal, d’un coursier de la mort, cliquetant dans la parure des honneurs divins !

 

Oui, c’est l’invention d’une mort pour le grand nombre, une mort qui se vante d’être la vie, une servitude selon le cœur de tous les prédicateurs de la mort !

 

L’État est partout où tous absorbent des poisons, les bons et les mauvais : l’État, où tous se perdent eux-mêmes, les bons et les mauvais : l’État, où le lent suicide de tous s’appelle — « la vie ».

 

Voyez donc ces superflus ! Ils volent les œuvres des inventeurs et les trésors des sages : ils appellent leur vol civilisation — et tout leur devient maladie et revers !

 

Voyez donc ces superflus ! Ils sont toujours malades, ils rendent leur bile et appellent cela des journaux. Ils se dévorent et ne peuvent pas même se digérer.

 

Voyez donc ces superflus ! Ils acquièrent des richesses et en deviennent plus pauvres. Ils veulent la puissance et avant tout le levier de la puissance, beaucoup d’argent, — ces impuissants !

 

Voyez-les grimper, ces singes agiles ! Ils grimpent les uns sur les autres et se poussent ainsi dans la boue et dans l’abîme.

 

Ils veulent tous s’approcher du trône : c’est leur folie, — comme si le bonheur était sur le trône ! Souvent la boue est sur le trône — et souvent aussi le trône est dans la boue.

 

Ils m’apparaissent tous comme des fous, des singes grimpeurs et impétueux. Leur idole sent mauvais, ce froid monstre : ils sentent tous mauvais, ces idolâtres.

 

Mes frères, voulez-vous donc étouffer dans l’exhalaison de leurs gueules et de leurs appétits ! Cassez plutôt les vitres et sautez dehors !

 

Évitez donc la mauvaise odeur ! Éloignez-vous de l’idolâtrie des superflus.

 

Évitez donc la mauvaise odeur ! Éloignez-vous de la fumée de ces sacrifices humains !

 

Maintenant encore les grandes âmes trouveront devant eux l’existence libre. Il reste bien des endroits pour ceux qui sont solitaires ou à deux, des endroits où souffle l’odeur des mers silencieuses.

 

Une vie libre reste ouverte aux grandes âmes. En vérité, celui qui possède peu est d’autant moins possédé : bénie soit la petite pauvreté.

 

Là où finit l’État, là seulement commence l’homme qui n’est pas superflu : là commence le chant de la nécessité, la mélodie unique, la nulle autre pareille.

 

Là où finit l’État, — regardez donc, mes frères ! Ne voyez-vous pas l’arc-en-ciel et le pont du Surhumain ?

 

Ainsi parlait Zarathoustra

 

*

 



Un extrait d’un texte de Dostoïevski très à propos :

Jésus face au Grand Inquisiteur

 


 

L’action se passe en Espagne, à Séville, à l’époque la plus terrible de l’Inquisition, lorsque chaque jour s’allumaient des bûchers à la gloire de Dieu. » Ainsi débute l’épisode du Grand Inquisiteur, dans Les Frères Karamazov, le chef-d’œuvre de Dostoïevski. 

 

Bien que ne partageant pas la foi chrétienne de l’écrivain russe, Freud considérait ce roman comme « le plus imposant qui ait jamais été écrit » et l’histoire du Grand Inquisiteur comme « une des plus hautes performances de la littérature mondiale1 ». 

 

Dans ce texte d’une vingtaine de pages, Dostoïevski raconte une légende : celle du retour du Christ sur terre, à Séville, au XVIe siècle. 

 

Il est apparu doucement, sans se faire remarquer, et, curieusement, tous le reconnaissent. « Silencieux, il passe au milieu de la foule avec un sourire d’infinie compassion. Son cœur est embrasé d’amour, ses yeux dégagent la Lumière, la Science, la Force, qui rayonnent et éveillent l’amour dans les cœurs. » Le peuple est comme aimanté et le suit dans l’allégresse. Il arrive sur le parvis de la cathédrale et ressuscite une petite fille que l’on s’apprêtait à enterrer. C’est alors qu’arrive le cardinal Grand Inquisiteur, le maître des lieux, qui a déjà fait brûler une centaine d’hérétiques en cette même place. « C’est un grand vieillard, presque nonagénaire, avec un visage desséché, des yeux caves, mais où luit encore une étincelle. » Il a tout vu : l’arrivée de l’homme, la foule en liesse, le miracle. Il donne l’ordre de faire arrêter le Christ. « Si grande est sa puissance et le peuple est tellement habitué à se soumettre, à lui obéir en tremblant, que la foule s’écarte devant ses sbires. » On enferme le prisonnier dans une étroite cellule du bâtiment du Saint-Office. À la nuit tombée, le Grand Inquisiteur vient lui rendre visite, seul. « C’est Toi, Toi ? l’apostrophe-t-il. Pourquoi es-tu venu nous déranger ? » Le prisonnier ne dit rien. Il se contente de regarder le vieillard. Alors celui-ci reprend : « N’as-tu pas dit bien souvent : “ Je veux vous rendre libres. ” Eh bien ! Tu les as vus les hommes “ libres ”, ajoute le vieillard d’un air sarcastique. Oui cela nous a coûté cher, poursuit-il en le regardant avec sévérité, mais nous avons enfin achevé cette œuvre en ton nom. […] Sache que jamais les hommes ne se sont crus aussi libres qu’à présent, et pourtant, leur liberté, ils l’ont humblement déposée à nos pieds. » Puis le cardinal explique à Jésus qu’il n’aurait jamais dû résister aux trois tentations diaboliques : changer les pierres en pains, se jeter du haut du pinacle du Temple et demander aux anges de le sauver, et accepter de régner sur tous les royaumes du monde (Matthieu, 4, 1-11). Car, poursuit-il, il n’y a que trois forces qui peuvent subjuguer la conscience humaine : le miracle, le mystère et l’autorité. « Et toi tu veux aller au monde les mains vides, en prêchant aux hommes une liberté que leur sottise et leur ignominie naturelle les empêchent de comprendre, une liberté qui leur fait peur, car il n’y a, et il n’y a jamais rien eu, de plus intolérable pour l’homme et pour la société ! […] Il n’y a pas, je te le répète, de souci plus cuisant pour l’homme que de trouver au plus tôt un être à qui déléguer ce don de la liberté. […] Là encore tu te faisais une trop haute idée des hommes, car ce sont des esclaves. […] Nous avons corrigé ton œuvre en la fondant sur le miracle, le mystère, l’autorité. Et les hommes se sont réjouis d’être de nouveau menés comme un troupeau et délivrés de ce don funeste qui leur causait de tels tourments. […] Demain, sur un signe de moi, tu verras ce troupeau docile apporter des charbons ardents au bûcher où tu monteras, pour être venu entraver notre œuvre. » L’Inquisiteur se tait. Il attend avec nervosité la réponse du prisonnier qui l’a écouté pendant des heures en le fixant de son regard calme et pénétrant. « Le vieillard voudrait qu’il lui dise quelque chose, fût-ce des paroles amères et terribles. Tout à coup, le prisonnier s’approche en silence du nonagénaire et baise ses lèvres exsangues. C’est toute la réponse. Le vieillard tressaille, ses lèvres remuent ; il va à la porte, l’ouvre et dit : “ Va-t’en et ne reviens plus… plus jamais !” Et il le laisse aller dans les ténèbres de la ville. »

 

*

 



« L’Amour, l’Amour arase paisiblement toutes les montagnes… »

 

https://reseauinternational.net/la-covidictature-et-la-servitude-de-la-boetie/

 

Fin de l’article.

 

C. Rosenzwitt-Makiewsky

 

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