jeudi 27 novembre 2025

LA SHOAH EN FRANCE / 'SHOAH' PAR J. LANZMANN / LE PROCES NUREMBERG


A la mémoire de ma famille déportée

  C. Rosenzwitt-Makiewsky-Santri

 

La Shoah en France : Le tournant de 1043

 

La Shoah est l'entreprise d'extermination systématique, menée par l'Allemagne nazie contre le peuple juif pendant la Seconde Guerre mondiale, qui conduit à la disparition de cinq à six millions de Juifs, soit les deux tiers des Juifs d'Europe et environ 40 % des Juifs du monde.

 

Du printemps 1941 à l'été 1942, en France, près de 80000 juifs ont été déportés. Presque tous mourront en camps de concentration ou d'extermination. Sans le concours des autorités françaises, ces opérations minutieusement préparées par les nazis n'auraient jamais existé. Au début, les arrestations sont individuelles et concernent surtout des hommes, étrangers ou apatrides, et ne suscitent pas de réprobations unanimes. En 1942, quand les arrestations deviennent collectives et n'épargnent plus les juifs français, l'opinion évolue : les grandes rafles comme celle du Vél d'Hiv visent indifféremment des hommes et des femmes, des vieillards et de jeunes enfants

 

https://www.youtube.com/watch?v=MWIV-KjnlmM

 

Je n'avais que le néant : "Shoah" par Lanzmann

 

À partir des rushes de "Shoah" non retenus au montage, Guillaume Ribot signe un documentaire aussi émouvant que rigoureux en forme de road-movie, à la hauteur de cette œuvre monumentale qui demanda à Claude Lanzmann douze années de travail acharné.

 

Treblinka, 1978. Une main tourne l’interrupteur d’un autoradio sans âge, et la Symphonie n°7 de Beethoven monte dans l’habitacle d’une vieille voiture, tandis que la caméra se redresse vers le profil de Claude Lanzmann. Une voix off accompagne ce plan-séquence introductif :

 

"La réalisation de Shoah a été une longue et difficile bataille. Je voulais filmer mais je n’avais que le néant. Le sujet de Shoah, c’est la mort même, la radicalité de la mort […] Mais j’ai toujours tenté, pendant ces douze années de travail, de regarder sans échappatoire le noir soleil de la Shoah."

 

À partir du livre Le Lièvre de Patagonie (éd. Gallimard), mémoires du cinéaste, dont on commémore le 27 novembre 2025 le centenaire de la naissance, et de deux cent vingt heures de rushes non utilisés au montage, Guillaume Ribot éclaire le chemin qui a mené à cette œuvre-monument sur l’extermination des juifs d’Europe.

  

Une aventure de tous les instants

 

À partir des bobines accumulées par Claude Lanzmann – dont 180 sont des interviews de témoins, et quarante, des travellings ou des plans fixes sur les lieux et les ambiances traversés dans différents pays –, ce road-movie documentaire réalisé à quarante ans de distance dévoile les coulisses passionnantes d'une aventure de tous les instants. La fragilité même du matériau, constitué en partie de ce que l’on rejette d'ordinaire au montage (mises en place technique, répétition des prises, cadres tremblants, claps, amorces de bobine, regards caméra...), met en lumière l'immense difficulté de la tâche que s’est fixée le journaliste devenu cinéaste. Pionnier solitaire soutenu par sa petite équipe, il lutte pied à pied pour arracher au réel une vérité qui jusque-là s’est dérobée : celle que les anciens nazis ont appris depuis trente ans à dissimuler, et que leurs victimes ont dû enfouir au plus profond d’eux-mêmes pour pouvoir reprendre pied dans l’existence. Guillaume Ribot révèle aussi et surtout un processus de création, entre convictions, intuitions et tâtonnements. Son film, à la hauteur de son intimidant sujet, permet de comprendre pourquoi il y a un "avant" et un "après" Shoah. 

 

https://www.arte.tv/fr/videos/117204-000-A/je-n-avais-que-le-neant-shoah-par-lanzmann/

 

Shoah (1/2)

 

Claude Lanzmann a retrouvé des rescapés juifs des camps d’extermination. Il a traqué les nazis qui se cachaient et réussi à les filmer clandestinement. Sans une image d’archives et par la seule force de la parole, il démonte les rouages de la "solution finale", sur les lieux mêmes des exterminations. Une véritable œuvre mémorielle sur la plus grande tragédie du XXe siècle.

 

Premier volet.

 

"L’action commence de nos jours à Chelmno-sur-Ner, en Pologne. À 80 kilomètres au nord-ouest de Lodz, au cœur d’une région autrefois à fort peuplement juif, Chelmno fut en Pologne le site de la première extermination de juifs par le gaz. Elle débuta le 7 décembre 1941. Quatre cent mille juifs y furent assassinés en deux périodes distinctes : décembre 1941-printemps 1943, juin 1944-janvier 1945. Le mode d’administration de la mort demeurera jusqu’à la fin identique : les camions à gaz. Sur les quatre cent mille hommes, femmes et enfants qui parvinrent en ce lieu, on compte deux rescapés : Mikael Podchlebnik et Simon Srebnik. Celui-ci, survivant de la dernière période, avait alors 13 ans et demi : son père avait été abattu sous ses yeux, au ghetto de Lodz, sa mère asphyxiée dans les camions de Chelmno. Les SS l’enrôlèrent dans un des commandos de “juifs au travail” qui assuraient la maintenance des camps d’extermination et étaient eux-mêmes promis à la mort…"

 

(Extrait du texte d’introduction diffusé au début du film)

 
La mémoire au présent

 
Claude Lanzmann a retrouvé des rescapés juifs des camps d’extermination. Il a traqué les nazis qui se cachaient et réussi à les filmer clandestinement. Il est retourné sur les lieux, dans les villages limitrophes de Chelmno, Ponari, Treblinka, Sobibor, Auschwitz, pour interroger les témoins polonais. Ni fiction – tous les protagonistes ont été en contact direct avec les camps –, ni documentaire – il ne s’agit pas d’une compilation de souvenirs –, Shoah est avant tout un film de la mémoire (Claude Lanzmann parle, lui, d’“immémorial”) qui abolit la distance entre le passé et le présent. Sans recourir aux documents d’archives – il n’y a pas un cadavre dans cette œuvre pétrie de mort – ni aux “images chocs”, Shoah (“anéantissement”, “destruction”, en hébreu) démonte les rouages de la “solution finale”.

 

“Nous avons lu, après la guerre, quantité de témoignages sur les ghettos, sur les camps d’extermination ; nous étions bouleversés, écrivait Simone de Beauvoir en 1985. Mais, en voyant aujourd’hui l’extraordinaire film de Claude Lanzmann, nous nous apercevons que nous n’avons rien vu. Malgré toutes nos connaissances, l’affreuse expérience restait à distance de nous. Pour la première fois, nous la vivons dans notre tête, notre cœur, notre chair. [] Jamais je n’aurais imaginé une pareille alliance de l’horreur et de la beauté.”

 

Réalisation : Claude Lanzmann

 

https://www.arte.tv/fr/videos/017079-001-A/shoah-1-2/

 

Shoah (2/2)

 

Rythmé par le fracas des trains qui roulent vers les camps, le film de Claude Lanzmann sonde l'horreur et donne à entendre l'indicible avec une rigueur de ton exemplaire. Faisant remonter à la surface la mémoire des survivants juifs, déjouant les ruses et les esquives des témoins polonais et des bourreaux, "Shoah" est une oeuvre d'art sans équivalent sur la "solution finale".

 

Ce second volet s'ouvre sur un chant fredonné par Franz Suchomel, un ancien SS débusqué chez lui par Claude Lanzmann et filmé à son insu. Il s'agit du chant que devaient apprendre, dès leur arrivée à Treblinka, les nouveaux groupes de "juifs au travail" : "Le pas ferme, regard sur le monde, droit et loin, toujours braves et joyeux, les commandos marchent au travail. Pour nous il n'y a plus aujourd'hui que Treblinka, qui est notre destin..." En réponse aux questions précises de Claude Lanzmann, l'ancien SS explique ensuite, carte du camp à l'appui, comment il était possible de "traiter" – liquider – 18 000 personnes par jour à Treblinka.
 

https://www.arte.tv/fr/videos/017079-002-A/shoah-2-2/

 

Au cœur de l'histoire : le procès de Nuremberg (1/2)

 

À Nuremberg, la fine fleur des journalistes et des écrivains ont vécu des mois durant dans le même château pour témoigner de l’horreur des crimes nazis. Une immersion passionnante qui offre un éclairage nouveau sur le "procès du siècle".

 

Novembre 1945. À Nuremberg, détruite par les bombes, 21 hauts dignitaires nazis se retrouvent sur le banc des accusés d’un procès historique, qui doit asseoir la nécessité d’une justice internationale. Cette approche, portée par le procureur américain Robert Jackson, s’impose contre les tenants d’une justice expéditive, Churchill et Staline en tête. Près de 300 figures de la presse et de la littérature viennent y assister, logées au château de Faber-Castell. Joseph Kessel côtoie John Dos Passos, Madeleine Jacob, Boris Polevoï et de nombreux correspondants de guerre chinois, brésiliens, australiens… Ils s’émerveillent des technologies inventées par les Américains, telle l’interprétation simultanée des débats en plusieurs langues. Mais le procès s’enlise, plombé par la lourdeur de la procédure. C’est alors que le procureur Jackson chamboule tout, en diffusant une archive témoignant de l’horreur des camps de concentration. Au château, on peine à se remettre du choc, et l’on s’oublie dans la fête et les cauchemars. Le ressentiment contre les accusés ne cesse de croître…

 
Un récit immersif tout en tension

 
Vivre le plus grand procès de l’histoire à travers le regard des femmes et des hommes venus le raconter : Alfred de Montesquiou, ancien reporter de guerre, parvient avec brio à conjuguer la lecture historique du procès avec la mise en lumière des sentiments et des émotions de ceux qui y ont assisté. En plongeant au cœur du château de Faber-Castell, il met en lumière cette communauté de journalistes, d’écrivains, de photographes et de cinéastes réunis malgré la guerre froide qui s’annonce, percutés par la violence des preuves et animés, en réponse, par une soif de vie frénétique. Au tribunal comme au château, la tension est permanente, décuplée lors des moments clefs du procès – la diffusion des archives, filmées par les Américains lors de la libération des camps, ou le témoignage de la rescapée Marie-Claude Vaillant-Couturier sous le regard impassible des dignitaires nazis. Le documentaire pose ici la question cruciale de la posture à adopter face à l’horreur et de l'impossible neutralité, symbolisée jusqu’à l’extrême par Ernst Michel, journaliste allemand et juif déporté à Auschwitz, qui se retrouve à quelques mètres de ses bourreaux. Riche de photos et de portraits au couteau des dignitaires nazis écrits par les grandes plumes de l’époque, ce documentaire, miroir d’un livre du même Alfred de Montesquiou (retenu dans la sélection 2025 du prix Goncourt), rappelle l’immense héritage de Nuremberg pour la permanence d’une justice internationale.

 

https://www.arte.tv/fr/videos/123424-001-A/au-coeur-de-l-histoire-le-proces-de-nuremberg-1-2/

 

Au cœur de l'histoire : le procès de Nuremberg (2/2)

 

Alfred de Montesquiou propose un éclairage nouveau sur le "procès du siècle".

 

Second volet. Au printemps 1946, l’inquiétude grandit : le procès de Nuremberg est menacé par l’irruption de la guerre froide, qui met en péril l’unité des juges occidentaux et soviétiques. Le procès pourra-t-il aller à son terme ?

 

Staline s’en méfie chaque jour davantage. À Faber-Castell, les correspondants soviétiques sont regardés du coin de l'œil. Au-delà, les conditions de vie au château se dégradent. Alors que journalistes et romanciers commencent à regagner leur pays, le procès connaît un moment décisif : Jackson confronte Göring. Le numéro 2 du régime hitlérien, impressionnant d’arrogance et de talent oratoire, prend le dessus sur le procureur, dont l’aura s’étiole. Un témoignage sonne toutefois le glas des dignitaires nazis : celui de Rudolf Höss. L’ancien commandant d’Auschwitz reconnaît froidement la nature industrielle de l’extermination des juifs, et détaille ce qu’il appelle la "Solution finale". L’accusation forge un nouveau concept pour nommer l'innommable : le génocide. Après un mois de délibération, le verdict tombe le 1er octobre 1946…

 

Un récit immersif tout en tension

 
Vivre le plus grand procès de l’histoire à travers le regard des femmes et des hommes venus le raconter : Alfred de Montesquiou, ancien reporter de guerre, parvient avec brio à conjuguer la lecture historique du procès avec la mise en lumière des sentiments et des émotions de ceux qui y ont assisté. En plongeant au cœur du château de Faber-Castell, il met en lumière cette communauté de journalistes, d’écrivains, de photographes et de cinéastes réunis malgré la guerre froide qui s’annonce, percutés par la violence des preuves et animés, en réponse, par une soif de vie frénétique. Au tribunal comme au château, la tension est permanente, décuplée lors des moments clefs du procès – la diffusion des archives, filmées par les Américains lors de la libération des camps, ou le témoignage de la rescapée Marie-Claude Vaillant-Couturier sous le regard impassible des dignitaires nazis

 

Le documentaire pose ici la question cruciale de la posture à adopter face à l’horreur et de l'impossible neutralité, symbolisée jusqu’à l’extrême par Ernst Michel, journaliste allemand et juif déporté à Auschwitz, qui se retrouve à quelques mètres de ses bourreaux. Riche de photos et de portraits au couteau des dignitaires nazis écrits par les grandes plumes de l’époque, ce documentaire, miroir d’un livre du même Alfred de Montesquiou (retenu dans la sélection 2025 du prix Goncourt), rappelle l’immense héritage de Nuremberg pour la permanence d’une justice internationale.

 

Réalisation : Alfred de Montesquiou

 

https://www.arte.tv/fr/videos/123424-002-A/au-coeur-de-l-histoire-le-proces-de-nuremberg-2-2/

 

Fin du partage

 

A ma famille.....

 

C. Rosenzwitt-Makiewsky-Santri

 

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